Deux départs en moins de deux ans. Au Maroc, l’annonce que Société Générale va bientôt céder sa filiale bancaire locale au groupe Saham intervient peu de temps après le retrait de la banque de proximité d’un autre géant bancaire français : fin 2022, Crédit Agricole SA (Casa) annonçait céder au groupe marocain Holmarcom 63,7 % de Crédit du Maroc , les 15 % restants devant lui être vendus dans les dix-huit mois suivants.

Société Générale, comme ses concurrents, ne disparaît pas totalement du paysage, et prévoit un accord commercial avec Saham pour accompagner ses grands clients au Maroc. Reste que des grands acteurs français, seul BNP Paribas garde encore un réseau local fort avec sa filiale BMCI. Au total, BNP Paribas emploie près de 3.000 personnes dans le pays et y a réalisé l’an dernier, au travers de ses différents métiers, 325 millions d’euros de revenus.

Prêt à prendre le relais
L’exemple marocain illustre comment les banques françaises ont sensiblement réduit la voilure dans l’ensemble du continent. Plusieurs raisons se combinent, les établissements ayant tendance partout dans le monde à se recentrer sur leur continent ou leur pays d’origine pour des raisons d’efficacité et de maîtrise du risque.
Dans le cas de la France, ces réalités industrielles se mêlent, sur le plan géopolitique, à une perte d’influence sur le continent africain. En face, des groupes financiers locaux se montrent prêts à prendre le relais, souvent avec la bénédiction des autorités locales.

« Saham s’inscrit dans la direction tracée par Notre Auguste Roi, Que Dieu l’assiste, dont les stratégies successives mises en oeuvre invitent les entrepreneurs marocains à s’investir davantage dans l’économie du Royaume », a déclaré vendredi son président, Moulay Hafid Elalamy, dans un communiqué.

Si le site web de Société Générale met encore en avant « une présence solide et historique en Afrique », l’heure est au repli. La banque s’est déjà retirée du Congo et du Tchad l’an dernier, cédant ses filiales à deux groupes bancaires panafricains, respectivement au gabonais BGFIBank et au burkinabé Coris.
Les processus de vente sont en revanche toujours en cours en Guinée équatoriale, au Burkina Faso et au Mozambique. Dans le cas de la cession annoncée en Mauritanie, un nouveau processus est ouvert, car « les conditions suspensives n’ont pas été satisfaites », explique le groupe bancaire aux « Echos ».

Encore des places fortes
Alimentant des rumeurs de marché, une sortie de Tunisie n’est pas actée, le pays figurant à ce stade en revue stratégique. Parmi les autres pays où le groupe de la Défense opère toujours figurent l’Algérie, le Sénégal, ou le Cameroun. La Côte d’Ivoire est par ailleurs une pièce importante du dispositif, en tant que plateforme subsaharienne.
BNP Paribas a également accéléré les cessions sur le continent africain. En 2023, le groupe a cédé ses activités au Sénégal et en Côte d’Ivoire. Le mouvement avait commencé dès 2020-2021 avec une succession de ventes dont la Tunisie, le Gabon, le Mali ou le Burkina. Outre le Maroc, le groupe reste présent en Algérie et en Afrique du Sud. Les grandes clientèles restent par ailleurs accompagnées en banque d’investissement.

Le mouvement avait commencé plus tôt chez BPCE, qui conserve une présence en Algérie et à Djibouti. Au Crédit Agricole , enfin, c’est surtout la filiale égyptienne, avec 2.589 salariés, qui marque la présence du groupe en Afrique. Casa avait racheté 4,8 % du capital fin 2022, pour porter sa participation à 65,25 %.

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