Siemens et les constructeurs automobiles allemands ont finalement eu gain de cause : le régulateur allemand des télécoms, la Bundesnetzagentur, a réservé aux industriels du pays une tranche de 100 mégahertz (3,7 à 3,8 gigahertz) parmi les  fréquences qu’elle est en train d’allouer aux enchères aux opérateurs télécoms Vodafone, Deutsche Telekom, Telefonica et United Internet.
Ces installations 5G locales et privées permettront aux industriels de ne pas dépendre du futur réseau national construit par ces opérateurs, tout en continuant à contrôler leurs données.
« Nous avons ainsi la garantie de décider du calendrier de la construction du réseau 5G comme de sa qualité, et de maintenir la disponibilité, la confidentialité et l’intégrité de nos données », résume le chimiste BASF, qui prévoit de demander une fréquence aux autorités. La Bundesnetzagentur recueillera les demandes des industriels au deuxième semestre, et leur attribuera les fréquences contre une redevance dont le montant n’a pas encore été fixé.
« Network slicing »
Les acteurs se positionnent déjà sur ce nouveau marché, à l’image de l’ équipementier suédois Ericsson qui commercialisera en septembre une sorte de kit qui permet aux industriels qui ne disposent pas de compétences en la matière, de créer leurs propres réseaux 5G.
Contrariés par la décision du régulateur allemand, les opérateurs télécoms veulent tout de même vendre aux usines un accès à leur futur réseau public. Ils disposent pour cela du « network slicing », soit la possibilité offerte par la 5G de diviser leur réseau en tranches adaptées aux besoins spécifiques de leurs clients. « Ces tranches sont isolées les unes des autres : une application est complètement sûre en matière de confidentialité », explique à Hanovre, Ulrich Rehfuess, chargé de la politique de spectre, chez l’équipementier Nokia.
Modèle allemand
La situation allemande est observée de près par les autres pays européens. En France, où les règles de l’attribution des fréquences n’ont pas encore été fixées, le régulateur Arcep a demandé aux industriels de manifester leur intérêt dans le cadre d’une consultation. Mais ceux-ci ne semblent pas en avance sur la question. France Industrie, le syndicat des industriels français, n’a pas encore traité ce dossier et n’a pas de position.
Dans les entreprises, l’enthousiasme est pour le moins limité. « Sur ces sujets, il faut toujours se poser la question de la rentabilité des investissements », explique un acteur français de l’automobile. « Pour l’instant, on ne m’a pas remonté le besoin d’aller au-delà de nos réseaux wi-fi dans nos usines ». « Il est nécessaire que d’autres pays en Europe et dans le monde suivent cet exemple, pour pouvoir utiliser cet avantage au niveau mondial », explique de son côté Siemens. Pas sûr que la France fasse partie du trio de tête.

Sourced through Scoop.it from: www.lesechos.fr